L’univers étendu Marvel : toujours pertinent en 2025 ?
- jean backel
- 8 nov.
- 7 min de lecture

Depuis plus de quinze ans, le Marvel Cinematic Universe (MCU) a redéfini la manière dont on conçoit les sagas cinématographiques. Né avec Iron Man en 2008, ce vaste ensemble de films et de séries interconnectés a dominé le box-office mondial, inspiré une génération entière de fans et influencé toute l’industrie du divertissement.
Mais en 2025, après des vagues de productions, de changements d’acteurs, de critiques mitigées et d’un public parfois essoufflé, une question se pose : l’univers étendu Marvel est-il encore pertinent ?Entre renaissance, saturation et réinvention, tentons d’y voir plus clair.
🦸 Un empire né du pari de l’interconnexion
Quand Marvel Studios a lancé Iron Man en 2008, personne n’imaginait l’ampleur du phénomène à venir. Le pari était audacieux : relier plusieurs films entre eux pour construire un univers narratif cohérent, où chaque héros aurait son histoire tout en participant à un récit global.
Cette approche, inspirée des comics, a immédiatement séduit. Le crossover final de 2012, Avengers, a concrétisé cette vision : voir Tony Stark, Thor, Captain America et Hulk réunis dans un même film relevait du rêve de fan devenu réalité. Le succès fut colossal, propulsant Marvel au rang de leader incontesté du cinéma populaire.
La “Phase 1” du MCU a ainsi posé les bases d’une formule efficace : des héros charismatiques, un ton accessible, des touches d’humour et un univers partagé qui récompense la fidélité du spectateur.
💥 Le sommet : Infinity War et Endgame, apogée d’une décennie
Entre 2012 et 2019, Marvel a atteint son apogée. Chaque sortie devenait un événement mondial : Black Panther, Doctor Strange, Captain America: Civil War, Guardians of the Galaxy…La recette fonctionnait : diversité des genres, construction progressive, teasing intelligent.
Puis est venu le couronnement : Avengers: Infinity War (2018) et Avengers: Endgame (2019).Deux films monumentaux, véritables aboutissements d’une saga de dix ans. La mort d’Iron Man, la disparition de Thanos et le départ de Steve Rogers ont marqué la fin d’une ère.
À ce moment-là, Marvel dominait tout. Le MCU était plus qu’une franchise : un phénomène culturel pop mondial, une mythologie moderne où le cinéma de super-héros devenait langage universel.
🕸️ Après Endgame : une fatigue narrative inévitable
Mais après avoir atteint le sommet, la chute — ou du moins la stagnation — était presque inévitable.Les années 2020 ont marqué un tournant. Les spectateurs ont commencé à ressentir une fatigue du super-héros.
Entre Eternals, Thor: Love and Thunder, Ant-Man and the Wasp: Quantumania ou The Marvels, la critique a souvent été divisée. Certains films ont peiné à retrouver la force émotionnelle ou l’équilibre de la première décennie.
Le problème principal ? Une multiplication du contenu.Avec Disney+, Marvel a voulu étendre son univers sur le petit écran : WandaVision, Loki, Hawkeye, Moon Knight, Ms. Marvel, Secret Invasion…Une stratégie logique pour consolider sa présence, mais qui a aussi dilué l’impact des films.
Les spectateurs, autrefois impatients, se sont retrouvés face à une offre quasi mensuelle. Et quand tout devient “événement”, plus rien ne l’est vraiment.
🧬 Des séries ambitieuses mais inégales
Les séries Marvel ont toutefois permis d’explorer des thèmes plus profonds.WandaVision a fasciné par sa réflexion sur le deuil et la création, Loki a ouvert la voie au multivers, et Moon Knight a osé aborder la santé mentale avec une approche inédite.
Mais d’autres ont moins convaincu, comme Secret Invasion, accusée de manquer d’enjeux et de profondeur. La cohérence de l’univers, jadis point fort du MCU, s’est mise à vaciller : les intrigues s’éparpillent, les timelines s’entrechoquent, et l’attente du prochain grand fil conducteur se fait longue.
Ce que les fans réclament aujourd’hui, ce n’est pas plus de contenu, mais plus de clarté et de cohérence.
🧠 Le défi du multivers : un pari risqué
Le multivers devait être la grande innovation de cette nouvelle ère.Introduit dans Loki et Spider-Man: No Way Home, il offrait une infinité de possibilités : faire revenir des acteurs emblématiques, explorer des univers parallèles, et repousser les limites de la narration.
Sur le papier, c’était brillant. Dans les faits, c’est devenu un labyrinthe.Les spectateurs occasionnels s’y perdent, tandis que les fans les plus assidus s’épuisent à suivre les ramifications entre films et séries.
Même Doctor Strange in the Multiverse of Madness n’a pas totalement réussi à rendre ce concept lisible.Le multivers devait offrir de la liberté, il a souvent semé la confusion.
🧩 Un problème d’identité
Le MCU de 2025 cherche encore son nouveau visage.Avec Iron Man et Captain America disparus, la franchise a tenté de renouveler sa galerie de héros : Shang-Chi, Kate Bishop, America Chavez, Ms. Marvel, Moon Knight, ou encore le retour des Fantastic Four à venir.
Mais ces nouvelles figures, aussi prometteuses soient-elles, n’ont pas encore trouvé leur place dans le cœur du grand public. Les anciens héros bénéficiaient d’un lien émotionnel construit sur dix ans. Aujourd’hui, le rythme des sorties rend ce lien plus fragile.
C’est tout le paradoxe de Marvel : pour rester pertinent, il doit innover… mais sans perdre son âme.
🧭 Un contexte concurrentiel plus rude
Entre 2010 et 2019, Marvel régnait en maître. Mais en 2025, la concurrence s’est renforcée.DC tente une renaissance avec James Gunn, The Boys et Invincible offrent des alternatives plus adultes et satiriques, et le public explore désormais d’autres horizons narratifs comme Dune, The Last of Us ou House of the Dragon.
Le cinéma de super-héros n’est plus le seul grand spectacle disponible.Les spectateurs cherchent des récits plus variés, des univers moins formatés. Marvel, qui a longtemps dicté le ton du blockbuster moderne, doit désormais se redéfinir dans un monde où il n’est plus seul au sommet.
🧨 Le rôle de la nostalgie : arme à double tranchant
Marvel a compris la puissance de la nostalgie.Le retour de Tobey Maguire et Andrew Garfield dans Spider-Man: No Way Home a créé une euphorie mondiale. De même, les rumeurs autour de Wolverine (Hugh Jackman) dans Deadpool 3 entretiennent l’attente.
Mais si chaque film repose sur la nostalgie, le risque est grand : celui de tourner en rond.Les fans veulent des émotions neuves, pas seulement des caméos. La nostalgie doit être une passerelle, pas une béquille.
🎬 Une mutation inévitable : Marvel se réinvente
Pour rester pertinent, Marvel a commencé à revoir sa stratégie.Les productions sont désormais moins nombreuses, les budgets plus maîtrisés, et les scénarios plus resserrés.Les dirigeants de Marvel Studios ont admis vouloir revenir à des récits plus personnels, centrés sur les personnages plutôt que sur les effets spéciaux à outrance.
Des projets comme Captain America: Brave New World, Fantastic Four ou Blade portent cette ambition : réinjecter du sens dans le spectacle.
Et sur Disney+, des œuvres comme Daredevil: Born Again ou Wonder Man pourraient renouer avec la profondeur qui a fait le succès des débuts.

💬 La communauté de fans : pilier indestructible
Si l’univers Marvel reste pertinent, c’est aussi grâce à sa communauté. Des millions de fans continuent de débattre, d’analyser, de collectionner et d’imaginer la suite. Les conventions, les fan arts, les blogs et les carnets de notes numériques jouent un rôle central dans cette passion collective.
On y retrouve ce que Marvel a toujours su cultiver : un sentiment d’appartenance. L’univers étendu n’est pas qu’une série de films ; c’est une toile de souvenirs, d’émotions et de discussions partagées. Certains sites ou carnets culturels, comme ce site de carnet-de-notes, témoignent d’ailleurs de cette dimension réflexive : la volonté de garder une trace, d’analyser avec recul les œuvres qui façonnent notre imaginaire collectif.
🌌 Marvel face au temps
Peut-on rester éternellement pertinent ?Les cycles culturels se renouvellent : le western, la SF, la fantasy, puis les super-héros. Marvel a dominé une ère, mais doit désormais évoluer pour survivre à la suivante.
La clé de sa pertinence réside sans doute dans sa capacité à s’adapter à l’air du temps :
Raconter différemment : miser sur la psychologie plutôt que sur le gigantisme.
Diversifier les genres : thriller politique (Captain America 2), comédie spatiale (Guardians of the Galaxy), horreur fantastique (Werewolf by Night).
Oser la lenteur et la fragilité : tout ne doit pas être spectaculaire pour être marquant.
Si Marvel parvient à se renouveler tout en respectant ses racines, il peut encore durer.
🪞Marvel, miroir de notre époque
Plus qu’une entreprise de divertissement, le MCU est devenu un miroir de la société contemporaine. Il a accompagné nos questionnements sur la technologie, la responsabilité, la diversité, l’identité.De Black Panther à Captain Marvel, de WandaVision à Ms. Marvel, chaque œuvre a tenté d’explorer de nouvelles voix, de nouveaux visages.
Ce sont ces tentatives, parfois maladroites mais sincères, qui prouvent que Marvel cherche encore à dialoguer avec son époque. Et c’est peut-être cela, sa vraie pertinence en 2025 : continuer à être un reflet de nos espoirs, de nos peurs et de nos contradictions.
🧭 En 2025, que reste-t-il du rêve Marvel ?
Aujourd’hui, l’univers étendu Marvel n’a plus la puissance absolue d’autrefois, mais il reste un pilier de la culture personnages font partie de notre mémoire collective, ses films continuent d’attirer, et sa capacité à rassembler autour d’une mythologie commune demeure unique.
Certes, tout n’est pas parfait : la fatigue du public est réelle, la narration parfois confuse. Mais Marvel reste un laboratoire de récits, une fabrique d’imaginaire qui, malgré les doutes, ne cesse d’expérimenter.
🎇 Conclusion
En 2025, l’univers étendu Marvel n’est plus le géant triomphant d’hier, mais il n’est pas non plus un empire déchu. Il se transforme, se cherche, doute, tente, rate parfois, réussit souvent. Et c’est peut-être dans cette humanité-là que réside sa vraie force.
Parce que finalement, les super-héros vieillissent, mais le besoin de croire en quelque chose de plus grand que soi, lui, ne disparaît jamais.




Commentaires